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La retraite ne signifie plus nécessairement la fin de toute activité professionnelle.

De plus en plus de retraités choisissent de prolonger leur vie active en créant une auto-entreprise, que ce soit pour compléter leurs revenus, transmettre leur expertise, ou simplement rester actifs intellectuellement.

 

Cette combinaison entre pension de retraite et activité indépendante est parfaitement légale et même encouragée par les pouvoirs publics.

Cependant, elle obéit à des règles précises qu'il convient de maîtriser pour éviter les mauvaises surprises.

 

Découvrons ensemble tout ce qu'un retraité doit savoir avant de se lancer dans l'aventure entrepreneuriale.

 

Le cadre légal du cumul emploi-retraite

 

La possibilité de cumuler une pension de retraite avec des revenus d'activité professionnelle a considérablement évolué ces dernières décennies.

 

Depuis 2015, la législation a simplifié et assoupli ce dispositif pour encourager les seniors à maintenir une activité.

 

Le cumul emploi-retraite intégral représente la situation la plus favorable. Il permet de percevoir l'intégralité de sa pension de retraite tout en générant des revenus professionnels illimités, sans aucun plafond.

 

Pour bénéficier de ce régime avantageux, trois conditions cumulatives doivent être remplies.

Premièrement, vous devez avoir liquidé toutes vos pensions de retraite, aussi bien de base que complémentaires, auprès de tous les régimes auxquels vous avez cotisé au cours de votre carrière.

 

Si vous avez été salarié puis commerçant par exemple, vous devez avoir liquidé votre retraite du régime général et celle de la Sécurité sociale des indépendants.

 

Deuxièmement, vous devez avoir atteint l'âge légal de départ à la retraite, qui varie selon votre année de naissance mais se situe entre 62 et 64 ans pour les générations actuelles. Troisièmement, vous devez justifier du nombre de trimestres requis pour bénéficier d'une retraite à taux plein, ou avoir atteint l'âge du taux plein automatique.

 

Le cumul emploi-retraite plafonné s'applique aux personnes qui ne remplissent pas toutes les conditions du cumul intégral. Dans ce cas, vos revenus d'activité professionnelle sont soumis à un plafond.

 

Pour les auto-entrepreneurs, ce plafond correspond à la moitié du plafond annuel de la Sécurité sociale, soit environ 23 000 euros en 2025, ou au dernier revenu professionnel moyen que vous perceviez avant la liquidation de votre retraite si ce montant est plus favorable.

 

Si vos revenus d'auto-entrepreneur dépassent ce plafond, votre pension de retraite sera suspendue totalement ou partiellement jusqu'à ce que vous reveniez sous le seuil autorisé.

 

Les différences selon le statut antérieur méritent d'être soulignées. Si vous étiez salarié avant votre retraite et que vous créez une auto-entreprise après, vous êtes soumis aux règles du cumul emploi-retraite même si vous changez de régime social. L'administration considère qu'il s'agit d'une reprise d'activité professionnelle, quelle qu'en soit la forme.

 

Les démarches obligatoires à effectuer

 

Cumuler retraite et auto-entreprise implique de respecter certaines obligations déclaratives envers les organismes de retraite et les administrations concernées.

 

L'information des caisses de retraite constitue la première obligation incontournable. Dans le mois qui suit le début de votre activité en auto-entrepreneur, vous devez informer toutes vos caisses de retraite de cette reprise d'activité.

 

Cette déclaration s'effectue généralement par courrier recommandé avec accusé de réception ou via votre espace personnel en ligne sur les sites des caisses. Vous devez préciser la nature de votre activité, la date de début, et le régime social dont vous relevez désormais.

 

Cette démarche permet aux caisses de vérifier que vous respectez bien les conditions du cumul emploi-retraite et d'adapter éventuellement le versement de votre pension.

 

La création de l'auto-entreprise suit la procédure classique via le guichet unique des formalités des entreprises.

 

Votre statut de retraité ne change rien aux modalités d'inscription : vous déclarez votre activité en ligne, choisissez votre activité principale, et recevez votre numéro SIRET dans les jours qui suivent. Le fait d'être retraité n'exige aucune autorisation préalable ni formalité supplémentaire particulière.

 

Les déclarations de revenus doivent être effectuées régulièrement. En tant qu'auto-entrepreneur, vous déclarez votre chiffre d'affaires mensuellement ou trimestriellement à l'URSSAF, comme tout auto-entrepreneur. Ces déclarations servent de base au calcul de vos cotisations sociales.

 

Parallèlement, vous devez déclarer ces revenus dans votre déclaration annuelle d'impôts sur le revenu, en plus de vos pensions de retraite. Les deux sources de revenus sont imposables et s'additionnent pour déterminer votre tranche d'imposition.

 

La conservation des justificatifs s'avère essentielle. Gardez précieusement tous vos courriers envoyés aux caisses de retraite, vos déclarations de chiffre d'affaires, et les réponses des organismes.

 

En cas de contrôle ou de contestation, ces documents prouveront que vous avez respecté vos obligations.

 

Le régime social des retraités auto-entrepreneurs

 

La question des cotisations sociales suscite de nombreuses interrogations chez les retraités qui envisagent de créer une auto-entreprise.

 

Le paiement des cotisations sociales reste obligatoire sur le chiffre d'affaires généré par votre auto-entreprise.

 

Les taux appliqués sont identiques à ceux des auto-entrepreneurs actifs : 12,8% pour les activités d'achat-revente de marchandises, 22% pour les prestations de services commerciales ou artisanales, et 22% également pour les activités libérales.

 

Ces cotisations sont calculées et payées sur la base de votre chiffre d'affaires déclaré, selon la périodicité que vous avez choisie.

 

L'absence de nouveaux droits à la retraite constitue le point crucial à comprendre. Contrairement à un auto-entrepreneur actif qui cotise pour se constituer des droits à la retraite, un retraité en cumul emploi-retraite paie des cotisations qui ne génèrent aucun nouveau droit.

 

Vous ne validez pas de trimestres supplémentaires, vous n'augmentez pas le montant de votre pension future, et ces cotisations ne vous ouvrent aucun avantage social additionnel. C'est le prix à payer pour pouvoir cumuler pension et revenus d'activité.

 

Cette règle peut sembler frustrante, mais elle s'inscrit dans la logique du système : vous avez déjà liquidé vos droits à la retraite, le système ne peut donc plus vous en accorder de nouveaux.

 

La couverture maladie mérite une attention particulière. En tant que retraité, vous conservez votre affiliation à l'assurance maladie du régime dont vous releviez avant la retraite, généralement le régime général.

 

Votre activité d'auto-entrepreneur ne modifie pas cette couverture.

Vous ne basculez pas vers le régime des indépendants pour votre protection santé. Cette continuité garantit une stabilité rassurante et évite les démarches administratives de changement de régime.

 

Les cotisations minimales n'existent pas pour les auto-entrepreneurs, qu'ils soient retraités ou non.

 

Vous ne payez des cotisations que si vous réalisez du chiffre d'affaires. En période creuse ou si vous ne travaillez pas pendant plusieurs mois, vous ne devez rien verser.

Cette souplesse fait de l'auto-entreprise un statut particulièrement adapté aux retraités qui souhaitent une activité intermittente ou saisonnière.

 

La fiscalité du cumul retraite et auto-entreprise

 

L'aspect fiscal du cumul retraite et activité indépendante nécessite une compréhension claire pour éviter les surprises lors de la déclaration annuelle de revenus.

 

L'imposition des revenus d'auto-entrepreneur fonctionne selon les règles classiques du régime micro-fiscal. Vous bénéficiez d'un abattement forfaitaire pour frais professionnels, dont le taux varie selon votre activité : 71% pour les activités d'achat-revente, 50% pour les prestations de services commerciales et artisanales, et 34% pour les activités libérales.

 

Cet abattement est censé couvrir l'ensemble de vos charges professionnelles.

Le montant restant après abattement constitue votre revenu imposable, qui s'ajoute à vos pensions de retraite pour déterminer votre revenu fiscal de référence.

 

L'addition avec les pensions de retraite peut avoir un impact significatif sur votre taux d'imposition.

 

Vos pensions de retraite sont imposables dans la catégorie des pensions et rentes viagères, avec un abattement de 10% plafonné. Vos revenus d'auto-entrepreneur sont imposables dans la catégorie des bénéfices industriels et commerciaux ou des bénéfices non commerciaux selon votre activité.

 

L'ensemble de ces revenus est additionné pour calculer votre impôt sur le revenu global. Cette addition peut vous faire passer dans une tranche d'imposition supérieure, augmentant ainsi votre taux marginal d'imposition.

 

Le versement libératoire de l'impôt reste accessible aux auto-entrepreneurs retraités si leur revenu fiscal de référence ne dépasse pas certains plafonds.

 

Ce système permet de payer l'impôt sur le revenu en même temps que les cotisations sociales, par un prélèvement proportionnel au chiffre d'affaires.

 

Les taux sont de 1% pour les activités de vente, 1,7% pour les prestations de services commerciales, et 2,2% pour les activités libérales. Cette option peut simplifier votre gestion fiscale et éviter une régularisation importante lors de la déclaration annuelle.

 

Les prélèvements sociaux sur les revenus du patrimoine peuvent également augmenter si vos revenus d'activité font progresser votre revenu fiscal de référence au-delà de certains seuils d'exonération ou de réduction.

 

Les avantages du statut d'auto-entrepreneur pour les retraités

 

Le régime de l'auto-entreprise présente des caractéristiques particulièrement adaptées à la situation des retraités souhaitant maintenir une activité.

 

La simplicité administrative arrive en tête des avantages. Les formalités de création se limitent à une déclaration en ligne gratuite. La gestion quotidienne se résume à déclarer son chiffre d'affaires et à conserver ses factures.

 

Aucune comptabilité complexe n'est requise, pas d'obligation de faire appel à un expert-comptable, pas de bilan annuel à produire. Cette légèreté administrative convient parfaitement aux retraités qui souhaitent une activité complémentaire sans s'alourdir de contraintes gestionnaires.

 

La flexibilité totale caractérise ce statut. Vous travaillez quand vous le souhaitez, autant que vous le voulez, sans minimum d'activité imposé.

 

Si vous ne réalisez aucun chiffre d'affaires pendant plusieurs mois, vous ne payez aucune cotisation.

Cette souplesse permet d'adapter votre activité à vos envies, à votre état de santé, ou à vos projets personnels comme des voyages prolongés.

 

Le test d'une activité sans risque devient possible.

Vous pouvez expérimenter une passion, transformer un hobby en source de revenus, ou tester une idée de business sans prendre de risques financiers importants. Si l'expérience ne vous convient pas, vous cessez simplement votre activité sans frais ni pénalités.

 

Le maintien d'un lien social ne doit pas être sous-estimé. L'activité professionnelle maintient des interactions sociales régulières, évite l'isolement que certains retraités peuvent ressentir, et préserve un sentiment d'utilité.

Transmettre son savoir-faire, conseiller des clients, créer de la valeur, tout cela contribue à un vieillissement actif et épanouissant.

 

La valorisation de l'expérience acquise durant toute une carrière trouve un débouché naturel.

En tant que consultant, formateur, artisan, ou créateur, vous mettez à profit vos compétences professionnelles accumulées pendant des décennies. Votre expérience constitue votre principal actif et justifie souvent des tarifs élevés.

 

Le complément de revenus améliore concrètement le niveau de vie.

Même un chiffre d'affaires modeste de 10 000 à 20 000 euros par an représente un supplément appréciable qui permet de profiter davantage de sa retraite, d'aider ses enfants ou petits-enfants, ou de se constituer une épargne de précaution.

 

Les précautions à prendre et les pièges à éviter

 

Malgré ses nombreux avantages, le cumul retraite et auto-entreprise comporte quelques écueils qu'il convient d'anticiper.

 

Vérifier précisément son éligibilité au cumul intégral avant de se lancer évite des déconvenues.

Certains retraités pensent avoir liquidé toutes leurs retraites alors qu'un régime complémentaire n'a pas été sollicité, ou qu'ils ont oublié quelques trimestres cotisés dans un régime spécial. Faites un point complet avec toutes vos caisses de retraite avant de créer votre auto-entreprise pour confirmer que vous êtes bien en cumul intégral.

 

Surveiller ses revenus en cas de cumul plafonné demande une vigilance constante. Si vous relevez du cumul plafonné, dépassez le seuil autorisé peut entraîner la suspension de votre pension de retraite.

Tenez un suivi régulier de votre chiffre d'affaires cumulé sur l'année pour anticiper une éventuelle approche du plafond et adapter votre activité si nécessaire.

 

Anticiper l'impact fiscal de l'addition des revenus permet d'éviter les mauvaises surprises.

Simulez votre imposition globale en intégrant vos revenus d'auto-entrepreneur à vos pensions. Si nécessaire, provisionnez une somme pour faire face à une augmentation de votre impôt, ou optez pour le versement libératoire si vous y êtes éligible.

 

Ne pas négliger son assurance responsabilité civile professionnelle peut coûter très cher en cas de problème.

Même pour une petite activité complémentaire, un sinistre peut survenir. Souscrivez une assurance adaptée à votre activité, d'autant que son coût reste généralement modeste pour les auto-entrepreneurs.

 

Respecter les plafonds de chiffre d'affaires de l'auto-entreprise reste obligatoire, retraité ou non.

Les limites de 188 700 euros pour les activités commerciales et 77 700 euros pour les prestations de services s'appliquent pleinement. Les dépasser deux années consécutives entraîne la sortie automatique du régime.

 

Informer systématiquement les caisses de retraite de tout changement dans votre activité professionnelle protège vos droits.

Un changement d'activité, une cessation temporaire, ou une modification importante du niveau de revenus doivent être signalés pour éviter des régularisations ultérieures potentiellement pénalisantes.

 

Préserver sa santé et ne pas surinvestir dans l'activité professionnelle reste essentiel.

La retraite doit rester un temps pour soi, pour sa famille, pour ses loisirs. L'auto-entreprise doit être un complément choisi, pas une obligation qui dégrade votre qualité de vie ou votre santé.

 

Des activités particulièrement adaptées aux retraités

 

Certaines activités se prêtent particulièrement bien au cumul avec une pension de retraite.

 

Le conseil et la formation permettent de valoriser une expertise professionnelle accumulée pendant des décennies.

 

Former les jeunes générations, conseiller les entreprises dans votre domaine de spécialité, accompagner des projets, toutes ces missions correspondent parfaitement au profil de retraités expérimentés. Les tarifs peuvent être élevés car ils rémunèrent l'expérience et la sagesse plus que le temps passé.

 

L'artisanat et les métiers manuels offrent un débouché à ceux qui ont toujours eu une passion pour le travail manuel.

Menuiserie, couture, poterie, réparation, restauration de meubles, ces activités peuvent se développer progressivement depuis son domicile avec peu d'investissement initial.

 

Les services à la personne connaissent une forte demande : jardinage, petit bricolage, accompagnement administratif, soutien scolaire.

Ces prestations correspondent souvent aux compétences des retraités et peuvent se pratiquer localement avec une clientèle de proximité.

 

Les activités créatives et artistiques trouvent enfin le temps de s'exprimer.

Peinture, photographie, écriture, musique, artisanat d'art, la retraite libère du temps pour développer ces talents et éventuellement en tirer des revenus complémentaires.

 

La location de biens comme des chambres d'hôtes, des gîtes, ou du matériel peut constituer une activité intéressante pour ceux qui disposent d'un patrimoine immobilier ou mobilier à valoriser.

 

Cumuler retraite et auto-entreprise : que faut-il savoir ?

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