Dans un environnement professionnel en constante évolution, le choix du statut juridique représente une décision cruciale pour tout freelance désireux de lancer son activité indépendante.
En 2025, deux options s'imposent particulièrement dans le paysage français : le régime de l'auto-entrepreneur (officiellement appelé micro-entrepreneur) et le portage salarial.
Chacun présente ses avantages et inconvénients spécifiques, adaptés à différents profils professionnels et projets entrepreneuriaux. Analysons en détail ces deux statuts pour vous aider à faire le choix le plus pertinent pour votre situation.
Deux modèles distincts pour exercer en indépendant
L'auto-entrepreneur exerce son activité en tant que travailleur indépendant, sous le régime fiscal simplifié de la micro-entreprise.
Ce statut, conçu pour encourager l'entrepreneuriat accessible à tous, lui permet de bénéficier de démarches administratives allégées et d'un régime fiscal et social simplifié.
Le portage salarial, quant à lui, représente une solution hybride combinant l'autonomie du freelance avec la sécurité du salariat.
Il s'agit d'une relation tripartite entre un professionnel (le salarié porté), une société de portage salarial et une entreprise cliente.
Dans ce cadre, le professionnel signe un contrat de travail avec la société de portage tout en conservant une grande liberté dans la recherche et la gestion de ses missions.
Conditions d'accès : des exigences très différentes
La popularité du régime auto-entrepreneur tient notamment à son accessibilité. Pour en bénéficier, il suffit d'avoir au moins 18 ans (ou être mineur émancipé), disposer d'une adresse en France, être de nationalité française ou ressortissant européen, ne pas être sous tutelle ou curatelle, et ne pas être condamné à une interdiction de gérer ou d'exercer.
Pour certaines activités réglementées, un diplôme ou une expérience professionnelle préalable peut être exigée.
Le portage salarial impose des conditions plus restrictives.
Le professionnel doit démontrer une réelle autonomie dans sa prospection commerciale, posséder des qualifications liées à sa spécialité (au minimum un Bac+2 ou une expérience d'au moins trois ans dans le même secteur), et être capable de générer un revenu mensuel minimum légal (entre 70% et 85% du plafond de la Sécurité sociale, selon son profil).
Statut juridique et responsabilités : indépendant versus salarié
L'auto-entrepreneur exerce sous le statut d'entreprise individuelle et assume pleinement la responsabilité juridique de ses actes professionnels. Il organise librement son travail et ses relations avec ses clients.
Dans le cadre du portage salarial, le professionnel, bien qu'indépendant dans sa recherche de missions, bénéficie juridiquement du statut de salarié.
Cette particularité lui confère une protection juridique supérieure par rapport à l'auto-entrepreneur.
Obligations administratives : simplicité contre délégation
Si l'auto-entrepreneur bénéficie de formalités administratives allégées par rapport à d'autres structures d'entreprise, il reste néanmoins responsable de sa facturation, de sa comptabilité et des déclarations mensuelles ou trimestrielles à l'Urssaf.
Il doit également s'acquitter de ses cotisations sociales, de la CFE (Cotisation Foncière des Entreprises), de ses impôts et éventuellement de la TVA.
Le salarié porté délègue l'ensemble de ces tâches administratives à sa société de portage, qui se charge de la facturation, des déclarations sociales et fiscales. Le consultant doit simplement établir un compte rendu mensuel de son activité et préparer ses demandes de facturation.
Rémunération et plafonds : une différence significative
Pour l'auto-entrepreneur, la rémunération correspond directement à son résultat, c'est-à-dire à la différence entre son chiffre d'affaires et ses charges (cotisations sociales et frais de fonctionnement). Toutefois, ce régime impose des plafonds de chiffre d'affaires à ne pas dépasser : 188 700 € pour les activités de vente de marchandises et 77 700 € pour les prestations de service.
En portage salarial, le professionnel perçoit un salaire mensuel, versé par la société de portage, indépendamment des délais de paiement des clients.
Ce salaire est soumis à un minimum légal (entre 70% et 85% du plafond mensuel de la Sécurité sociale de 2017).
Une réserve financière de 10% est également constituée pour financer les périodes d'inactivité. L'avantage majeur du portage salarial est l'absence de plafond de chiffre d'affaires, permettant un développement d'activité sans limite.
Fiscalité : des régimes d'imposition distincts
En matière de TVA, l'auto-entrepreneur bénéficie d'une franchise de base jusqu'à un certain seuil de chiffre d'affaires. Il ne facture pas cette taxe mais ne peut pas non plus la récupérer sur ses achats professionnels. Ses cotisations sociales sont calculées directement sur son chiffre d'affaires encaissé.
Le salarié porté, quant à lui, est systématiquement soumis à la TVA, quel que soit son chiffre d'affaires.
En contrepartie, il peut récupérer cette taxe sur ses investissements et frais professionnels. Les charges sociales sont prélevées sur son salaire et gérées par la société de portage.
Protection sociale : des couvertures inégales
L'auto-entrepreneur est affilié à la Sécurité sociale pour les indépendants. Sa couverture sociale comprend la santé (maladie, maternité et indemnités journalières), la retraite de base et complémentaire obligatoire, la prévoyance et les allocations familiales.
Cependant, il est vivement recommandé de souscrire à une mutuelle complémentaire et une assurance responsabilité civile professionnelle pour renforcer cette protection.
Le salarié porté bénéficie du régime général de la Sécurité sociale, offrant une couverture sociale plus complète.
Cette différence se traduit notamment par une meilleure protection en cas d'accident du travail et une accumulation de droits à la retraite plus avantageuse.
Assurance chômage : un avantage décisif du portage salarial
Une différence fondamentale entre ces deux statuts concerne l'assurance chômage. L'auto-entrepreneur, ne cotisant pas à ce dispositif, ne peut prétendre aux allocations chômage en cas d'inactivité. Seul le maintien d'une indemnisation antérieure est possible lors de la création de son activité.
À l'inverse, le salarié porté bénéficie pleinement de l'assurance chômage, au même titre que n'importe quel salarié. Il peut donc percevoir l'allocation d'aide au retour à l'emploi (ARE) en cas de baisse ou de perte d'activité, un filet de sécurité précieux dans les périodes difficiles.
Formation professionnelle : des droits similaires mais des modalités différentes
En portage salarial, les professionnels accèdent aux dispositifs de formation via leur société de portage (VAE, CPF, etc.).
L'auto-entrepreneur, quant à lui, verse une contribution à la formation professionnelle (CFP) avec ses cotisations Urssaf, alimentant son compte personnel de formation et le fonds d'assurance formation pour le financement de ses formations.
Gestion des frais professionnels : une différence notable
L'auto-entrepreneur ne peut pas déduire ses frais réels de son revenu imposable, ce qui constitue un inconvénient majeur de ce statut. Il doit donc intégrer ces frais dans le coût de ses prestations pour maintenir sa rentabilité.
En portage salarial, certains frais peuvent être remboursés ou déduits, notamment les frais de mission (déplacements, hébergement, restauration) qui peuvent être facturés au client, et les frais de fonctionnement (internet, fournitures) pouvant être pris en charge par la société de portage, dans la limite de 30% de la rémunération brute.
Assurances professionnelles : une responsabilité partagée
Pour l'auto-entrepreneur, la souscription d'une assurance responsabilité civile professionnelle (parfois obligatoire selon l'activité) représente une charge financière supplémentaire.
En portage salarial, c'est la société de portage qui prend en charge cette assurance, couvrant les éventuelles fautes commises par le salarié en mission.
Pour certaines activités réglementées, une responsabilité civile professionnelle spécifique reste toutefois à la charge du salarié porté.
Congés et temps de travail : liberté contre encadrement
L'auto-entrepreneur dispose d'une totale liberté dans l'organisation de son temps de travail et la prise de congés. Cependant, ces périodes d'inactivité ne sont pas rémunérées et représentent un manque à gagner qu'il convient d'anticiper.
Le salarié porté bénéficie de 2,5 jours de congés payés par mois travaillé, soit cinq semaines par an.
Bien qu'autonome dans l'organisation de son travail, il doit rendre compte de son activité à la société de portage via un compte-rendu mensuel.
Fin de contrat : des modalités différentes
L'auto-entrepreneur est généralement lié à ses clients par un contrat de prestation de services, pouvant être rompu par l'une ou l'autre des parties sans indemnité (sauf clause contraire).
Le salarié porté, embauché en CDI ou CDD, bénéficie des protections offertes par le droit du travail en cas de rupture de contrat (licenciement, démission, rupture conventionnelle, etc.).
Comment faire le bon choix en 2025?
Pour choisir entre ces deux statuts, plusieurs critères doivent être pris en compte:
Le portage salarial est particulièrement adapté si:
- Vous recherchez une protection sociale maximale
- Vous souhaitez bénéficier des allocations chômage
- Votre activité est susceptible de générer un chiffre d'affaires supérieur aux plafonds de la micro-entreprise
- Vous préférez vous concentrer sur votre cœur de métier en déléguant les aspects administratifs
- Vous avez des charges familiales nécessitant une stabilité de revenus
- Vous possédez déjà une solide expérience professionnelle ou des qualifications élevées
L'auto-entrepreneur est plus pertinent si:
- Vous débutez et souhaitez tester la viabilité de votre projet sans engagement financier important
- Vous privilégiez la simplicité administrative et une plus grande liberté
- Votre chiffre d'affaires prévisionnel reste modéré, en-deçà des plafonds légaux
- Vous souhaitez conserver un maximum de votre chiffre d'affaires pour vous-même
- Vous n'avez pas encore l'expérience ou les qualifications requises pour le portage salarial
En 2025, le choix entre auto-entrepreneur et portage salarial dépend avant tout de votre situation personnelle, de vos ambitions professionnelles et de votre rapport au risque.
Le régime auto-entrepreneur reste idéal pour démarrer simplement une activité et tester un concept, tandis que le portage salarial offre un cadre plus sécurisant pour développer une activité pérenne avec des revenus potentiellement plus élevés.
Quelle que soit votre décision, rappelez-vous qu'il est toujours possible d'évoluer d'un statut à l'autre au fur et à mesure du développement de votre activité.
L'essentiel est de choisir la formule qui vous permettra de vous concentrer sereinement sur votre cœur de métier tout en assurant la viabilité économique de votre projet.